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Rencontre du PACTE avec le permaculteur Olivier Rognon

PACTE : Olivier Rognon, vous êtes aujourd’hui permaculteur, pouvez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a mené vers la permaculture ?

OR : J’ai découvert la permaculture sans le savoir dans les années 80, au contact d’un Amérindien du Québec qui m’a transmis sa conception de notre relation au végétal. C’est ainsi que je suis devenu d’abord végétalien puis permaculteur. Il appelait sa méthode de culture l’«anagriculture», en opposition à l’agriculture, violente et guerrière par définition. Son approche s’inspirait de celle des peuples cueilleurs et horticulteurs qui ont existé de tout temps parallèlement aux chasseurs-cueilleurs. Quelques années plus tard, j’ai découvert les livres de permaculture, traduits en français, de Mollison et d’Holmgren puis de Fukuoka, et c’était très proche de ce que j’avais appris et commencé à pratiquer. D’ailleurs, une des sources d’inspiration des australiens Mollison et Holmgren était les aborigènes tasmaniens. J’ai donc adopté à cette époque le terme «permaculture», en même temps que celui de «véganisme», quelques années après les avoir mis en pratique sans les nommer (j’ai participé à «La société véganiste de France» au tout début des années 90 à Paris). En 1995, je me suis installé en Cévennes, accueilli par un généreux propriétaire, et j’y ai démarré une belle aventure collective qui a duré pour moi 17 années, jusqu’en 2012. J’ai eu le statut agricole et étais producteur-transformateur de châtaignes, ainsi que de divers autres végétaux (ortie, tilleul, menthe, légumes, petits fruits et fruits). Durant cette période, mon revenu provenait de cette activité permacole, qui était insérée dans une forêt-jardin de plus en plus belle et productive. Mais cette activité a cessé suite à une mésentente avec le propriétaire et sa nouvelle épouse et je suis parti vivre de nouvelles aventures. Aujourd’hui je redémarre tout à zéro, sur un domaine associatif dans l’Aude.

En quoi consistait votre travail en quelques lignes ? Dans quelle mesure était-il plaisant ?

OR : J’entretenais la châtaigneraie, puis en automne, j’en ramassais à peu près une tonne que je mettais à sécher. A la fin du séchage, j’allais les faire décortiquer, puis je les triais. Une partie était moulue en farine en deux ou trois fois réparties dans l’année et l’autre était trempée, cuite et transformée en confiture. Pour pouvoir vivre d’une petite production, j’avais fait le choix de transformer au maximum et de vendre en direct. Je ne vendais donc pas la farine ou la confiture, mais je les transformais en pains, fougasses, galettes, pâtisseries, rochers etc. En plus de la châtaigne, je cueillais aussi pas mal d’orties, que je faisais sécher en bouquets, effeuillais, émiettais, triais et incorporais dans des pains. Je produisais aussi quelques légumes qui entraient dans la composition de galettes végétales, des petits fruits que je transformais en sirops puis en entremets et mettais en sachets du tilleul et de la menthe séchés sur des nattes. Je commercialisais toute cette gamme lors de salons et foires biologiques, ainsi que sur quelques foires médiévales ou marchés de Noël. Il est clair que produire, transformer et commercialiser soi-même demande une sacrée organisation et prend beaucoup de temps. Mais cette variété dans les activités me plaisait et j’en tirais un revenu suffisant pour mes besoins. Il faut dire qu’à côté, j’avais construit un petit habitat en bottes de paille, je produisais mon électricité grâce au soleil et à l’eau, j’avais à disposition l’eau de source et le bois de chauffage, ce qui réduisait mes besoins monétaires, mais rajoutait du temps passé. Cette vie en forêt me plaisait énormément, ainsi que cette quasi-autonomie, j’avais des voisin-e-s sympas et l’activité de fabrication et de création était vraiment gratifiante. A cela s’ajoutaient le contact et les échanges avec la clientèle et l’ambiance généralement enrichissante des foires et salons.

On sait que la situation financière des éleveurs aujourd’hui est particulièrement difficile et que l’ensemble de leurs revenus repose en large partie sur les subventions publiques. Alors qu’en est-il de la permaculture économiquement ? Est-ce une activité rentable ?

OR : La permaculture, dans sa partie production de nourriture, est vraiment dans une logique très différente de l’agriculture et de l’élevage. Elle est, je crois, incompatible avec la commercialisation classique, via des centrales d’achats, des grosses boutiques ou des supermarchés. La permaculture produit davantage de la diversité que de l’homogénéité ou les gros volumes demandés par ce type de commerce. La vente directe sur des marchés ou des associations de consommation type AMAP est davantage adaptée aux techniques s’inspirant de la permaculture. La vision globale permacole est de mailler tout le territoire par des micro-fermes fournissant localement une grande variété de végétaux frais, sains et de saison. La mise en culture de petites surfaces, travaillées intensivement et essentiellement manuellement et la vente directe de proximité permettent de dégager un revenu décent, sans devoir organiser de la formation comme c’est souvent le cas. Nous pouvons voir de plus en plus sur les marchés des stands, avec un écriteau « permaculture », proposant toutes sortes de végétaux. En ce qui concerne la permaculture végane, elle est encore très confidentielle et un gros travail d’explication et d’accompagnement reste à entreprendre.

Quels autres bénéfices peut-on tirer de la permaculture ?

OR : La permaculture est globale et ne concerne pas que la production de nourriture. Elle permet de concevoir et mettre en oeuvre les habitats, les énergies, la gestion de l’eau, des déchets, l’organisation sociale (permaculture humaine) etc. Elle permet surtout de réinsérer les humains dans les écosystèmes, humblement, sans nuire ou en tout cas le moins possible, de coopérer avec le fonctionnement et les interactions du vivant plutôt que de lutter contre. Elle crée des milieux où tout le vivant peut s’épanouir et être en bonne santé, humains compris.

Serait-il possible à votre avis de transiter vers une agriculture exclusivement bio-végétale ? Comment ferions-nous ?

OR : L’agriculture telle qu’elle existe aujourd’hui devrait être totalement refondée. Dans une optique antispéciste, l’élevage sera aboli et reconverti en soins aux animaux encore présents, car cela ne signifie pas leur disparition mais une réduction drastique de leur nombre et la mise en place d’une société multi-espèces, dans laquelle la place, les statuts et les droits des animaux seront à définir. Les grandes monocultures, une fois enlevées celles qui étaient nécessaires à l’élevage, devront être reconverties en agroforesterie, avec une mécanisation légère et un sol vivant non labouré. Tous les végétaux qui s’accommodent des techniques permacoles, plus intensives et manuelles, devront être inclus dans ces millions de micro-fermes dont je parlais tout à l’heure et de forêt-jardins nourricières. A la question fondamentale de la fertilisation végane, les réponses consisteront en un panaché de toutes sortes de techniques : sols toujours couverts et non retournés, engrais verts, cultures massives de légumineuses annuelles ou pérennes, broyats, mycorhizes, micro-organismes etc. Notre alimentation devra bien sûr s’adapter à cette approche généralisée, en favorisant les aliments qui proviennent des arbres, arbustes, plantes vivaces ou sauvages, plutôt que des grandes cultures, même agroforestières. Davantage de personnes choisiront l’activité de production de nourriture, professionnellement ou lors de leur temps libre.

 

Vous pouvez vous procurer l'ouvrage "Vers une société végane" directement auprès d’Olivier Rognon : https://www.facebook.com/versunesocietevegane/

Nous rappelons que la permaculture, moyen pragmatique fabuleux pour faire face à l’effondrement, est l’une des principales mesures du programme Agriculture du PACTE.



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